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- Écrit par Yves Massy
Le dimanche 3 juillet à 19h, dans le Parc des Cropettes, vous aurez l'occasion d'entendre les compositions originales des élèves de l'école AMR-CPMDT, classe de Ohad Talmor. Ne manquez pas cette suite de créations inédites, jouées par les professeurs de cette même école, dans un joyeux mélange de rôles, d'échanges et de bonne humeur.
Élèves: Andrei Pervikov, Anthony Buclin, Rita Muhmentaler, Maria Abgottspon, Benjamin Treibe et Alvaro Soto.
Professeurs : Ohad Talmor – direction. Maurizio Bionda – Sax Baryton, clarinette. Nicolas Masson – Tenor/Sop Sax, clarinette basse.Manu Gesseney – Alto Sax, flûte. Ian Gordon Lennox – trompette, tuba. Yves Massy – trombone. Florence Melnotte – piano. Ninn Langel – basse acoustique/électrique. Marius Duboule – guitare. Dominic Egli – batterie.
- Écrit par Yves Massy
Le paresseux, c’est moi d’abord. Et très vite, mes élèves le comprennent et en tirent un parti variable. Pour exploiter ce trait de caractère qui nous est commun, je suis en train d’écrire une "Suite potagère pour trombonistes paresseux", à jouer en chaises longues, sur la plage, à siroter des sirops multicolores, entre deux siestes. L’étrange est que cela va nous demander un certain effort pour l’exécuter... A écouter courant mai - ou peut-être courant juin - ou peut-être... en septembre... Infos à suivre.
- Écrit par Yves Massy
Restitution. Marc Copland parvient en quelques notes à faire surgir une foule compacte de souvenirs et d’images magnifiques. Ce n’est pas les notes qu’il jouent, mais le silence qui les suit, ou le son des autres musiciens du trio qu’il laisse alors danser au premier plan, tout imprégné des couleurs subtiles qu’il nous a fait entendre d’abord, que ce soit ces petits riffs dansants et impressionnistes, ou ces longues phrases aériennes et délicates. On a l’impression d’un photographe ou d’un cinéaste, qui aurait capté la magie unique d’un lieu ou d’un être et qui vous la restitue dans cet étrange médium qu’est la musique. Son art est du domaine du reportage, de la réminiscence. Conteur, il nous rend présent un ailleurs merveilleux : «Le merveilleux n’est pas d’ici, mais je l’ai vu. Ecoutez…» De là l’incroyable sentiment de voyage qui vous tient suspendu pendant tout le concert, comme si le pianiste, devenu votre biographe, mêlait à votre histoire les siennes, dans un film Nouvelle Vague dont vous seriez le Jean-Pierre Léaud. Drew Gress et Bill Stewart ne déméritent pas de cet art de la restitution en soutenant magnifiquement ses développements vastes et aventureux.
MARC COPLAND TRIO Marc Copland: piano. Drew Gress: contrebasse. Bill Stewart: batterie. Festival AMR, Genève, 2009
- Écrit par Yves Massy
Pierre Boulez aurait, paraît-il, très bien expliqué dans un interview, l’équilibre des paramètres qui rendent une œuvre intelligible ou hermétique, la part de reconnaissable et d’inconnu, de transparent et d’abscons, d’indéchiffrable et de limpide, qui règle l’accessibilité d’une pièce. Si Carlos Bica ne partage certes pas la même esthétique que le compositeur français, ils ont en commun une conscience très aigüe de l’équilibre qui devrait exister entre ce que l’on partage immédiatement avec tous, et ce qui nous projette devant l’inconnu.
Ce que Boulez façonne purement sur la partition, Bica le fait par la partie compositionnelle versus le choix éclairé de ses interprètes. Si les parties de contrebasse et de guitare sont le plus souvent strictement écrites, la part d’interprétation de la batterie est, à proprement parlé, énorme. Et là réside tout le jeu et l’art de ce trio, dans la perfection de ce difficile équilibre à atteindre entre l’écrit et l’interprétation. Qu’en est-il donc de la partition ? Une musique limpide, que Schubert, probablement ne renierait pas, des mélodies magnifiques, simples et équilibrées, que l’on emporte avec soi sans problèmes, à la pause, entre deux sets, ou après le concert, longtemps, sur le chemin qui nous ramène chez nous; des harmonies subtiles, non point exemptes de nœuds, de tensions et de surprises, mais toujours parlantes et pertinentes; une structure et une forme simples, équilibrées, souvent proches de la chanson, de la pop anglo-saxonne ou de la musique populaire portugaise; une rythmique sobre et naturelle, même si elle est, elle aussi, enrichie de surprises et d’asymétries. En face de ce classicisme intelligent, et sensible, certainement la part directement accessible de cette musique, Jim Black dépose son contrepoids de colosse, il dessine les ombres d’un tableau qui lasserait peut-être s’il n’était pas contrasté. Et les mots manquent à décrire cette composante-là. Déconstruction ? Recouvrement ? Traduction ? Illusions auditives ? Fausses pistes ? Éclairage ? Prestidigitation ? Fantasmagorie ? Manipulation ? Illusionnisme ? Trompe-l’oreille ? Rien… et tout… de tout ça, dans chaque mesure, dans chaque son de cette batterie magique et hyperactive. Jim Black serait un réalisateur de génie qui nous forcerait à découvrir dans chaque scène une infinité de lectures différentes, de détails signifiants, de contradictions manifestes, d’absurdités... Ou un clown hilare qui donnerait sa relecture du monde aux enfants ... Ou simplement un enfant qui joue…
Et il faut avouer que l’équilibre global tient magnifiquement, et jusqu’au bout du généreux concert, oscillant parfaitement entre les deux tendances, sauf peut-être lors du premier rappel, le rapport entre l’évidente simplicité et sa non moins évidente déconstruction devenant trop manifeste, et donc caricaturale. La haute qualité des musiciens est pour beaucoup dans cette réussite : une contrebasse faussement lourde car vraiment virtuose, une guitare faussement raide car parfaitement fluide et une batterie que l’on a respectueusement saluée plus haut.
Dimanche 4 octobre 2009 - 20h 30
CARLOS BICA AZUL
Carlos Bica: contrebasse
Frank Möbus: guitare
Jim Black: batterie
- Écrit par Yves Massy
Juste trois dossiers, juste trois fois sept bâtons de chaises nues & à chacune (par les deux bouts flambés) quatre pieds: c’est l’image. Deux vers de sept pieds: c’est le texte. Voici par eux-mêmes dans le maquis kaki des Pâquis nos trois musiciens présentés. Mais je tiens cependant à vous avertir. Cet apparent minimalisme n’est que l’humble & prudent orgueil de trois «rootiers» genevois sortis flambants neufs des chevauchées libertaires du siècle d’avant et qui se sont retrouvés comme en un vrai salon des inventeurs en toute ferveur pour raviver ces derniers temps (qui en ont bien besoin), le chant bijou du rose & noir. Et, avec Charles Baudelaire, ne croyez rien ci-haut à la stricte pancarte. Paquis’Art Trio, musicalement tient en fait, par le manche, le couteau droit de la secousse.
Viens-t’en si t’aimes le jazz: cette carabine, cette caverne, cet anaconda.
Pete Ehrnrooth: clarinette, saxophones. Pierre-Alexandre Chevrolet: contrebasse. Dominique Valazza: batterie.
- Écrit par Yves Massy
«Ferris Wheel» signifiant en anglais «La grande roue», Glenn Ferris, l'a reprise à son compte avec ce nouveau trio. Cette création à l'instrumentation originale: trombone, contrebasse et voix… convie le public à un tour de manège musical des plus innovants en jazz. Vertige circulaire. Ça bombe large chez ces forains. Ça explose de fièvre joyeuse. Frissons du vide, ça tourne grave et «bien pire haut que le grand crocodile du ciel»… C’est parti mon Kiki, boutonne ta ceinture! chante au micro de sa voix souple sous son petit chapeau le roi d’Ecosse et des Romanichels! Lunapark, barbe à papa… j’entends d’ici, souffle coupé dans les nacelles, le cri d’effroi des demoiselles. Magic Sonor & Subito Circus… improvisant, vous m’en direz des manivelles!
Glenn Ferris: trombone, composition et arrangements.
Ernie Odoom: voix.
Bruno Rousselet: contrebasse.
- Écrit par Yves Massy
Mercadonegro débute par la rencontre de trois musiciens latino-américains émigrés en Europe (cubain, colombien et péruvien) avec le producteur de Bibomusic. Les quatre amis, qui ont en commun leurs racines, projettent de faire connaître leur approche de la musique latine par delà les frontières.
Ainsi est né le groupe Mercadonegro (marché noir en espagnol, un petit clin d’œil au bulletin météorologique du regretté Zawinul?), nom qui fait écho à l’héritage afro-américain de sa musique, entre son cubain, cumbia colombienne et rumba irrésistiblement chaloupée. Depuis de nombreuses années, cet orchestre s’est agrandit et collabore avec les meilleurs musiciens du genre, tels Alfredo De La Fe, Celia Cruz, Carlos Santana, etc…
Armando Miranda et Eduardo Cespedes: chant. Massimo Guerra: trompette. Cesar Correa: piano. Carlos Irarragorri: guitare, très. Eduardo Dudù Penz: guitare. basse. Roberto Rodriguez, Edwin Sanz, Alejandro Paneta: percussions, voix.
- Écrit par Yves Massy
Ce fantastique jazz power trio hollandais démontre bien à quel point peuvent être artificielles les frontières entre les genres musicaux. Bennink et Glerum qui constituent depuis des années l’axe rythmique de l'ICP Orchestra (l’Instant Composers Pool créé en 1967 par Bennink, le pianiste Misha Mengelberg et le saxophoniste Willem Breuker), sont associés à la plus créative des avant-gardes; Michiel Borstlap, pianiste extrêmement lumineux est lui associé au mainstream. L'incompressible swing et la solidité dans les formes des deux premiers liés à la débordante imagination du troisième font que ces trois musiciens arrivent à fusionner jusqu’à l’incandescence. Foulée libre, invention féroce et tendre. Han Bennink, ce Monsieur Hulot, ce poète géant de la batterie véloce, ce giclant de vivre sans GPS ni boussole, ce têtu d’être a toujours su s’entourer de musiciens hors pair. Ses nombreux passages au Sud des Alpes nous ont toujours été d’époustouflantes révélations. La nuit, c’est sûr, jusqu’au jour, sera mémorable.
Michiel Borstlap: piano. Ernst Glerum: contrebasse. Han Bennink: batterie
- Écrit par Yves Massy
Evariste Perez: piano. Cédric Gysler: contrebasse. Tobie Langel: batterie.
Les mains que ces trois personnages s’ingénient à rendre invisibles sont animées de rêves précis et doux, soigneusement décortiqués sous nos yeux éblouis, et leurs songes élégants ont l’effet d’un charme auquel il est impossible de résister. Jazz moderne, certes, mais cette subtile poésie qui maîtrise profond ses racines - bien avant dans la tradition - ne peut se résumer en un genre, il s’agit là d’un sortilège que les trois jardiniers cultivent avec une passion retenue, délicieuse comme l’attente.
Bientôt un CD !
- Écrit par Yves Massy
Soraya Berent: chant. Stéphane Fisch: contrebasse.
Artisanat, complicité, sincérité, pas de charme, peu d'apprêt,
De la rectitude et de la bravoure, une façon d’illuminer comme en se jouant, mais rien de charmeur, rien de faussement élaboré, mademoiselle Berent va droit au but, touche le cœur. Ainsi cette jeune personne à chaque fois surprend par la liberté de son chant, des notes si claires qu’on en vient à oublier qu’elles sont bleues et complexes. Et vont se mêler étroitement à celles tirées de l’archet de monsieur Fisch contre sa contrebasse, dansent et frémissent les deux voix, l’une raille et l’autre rit, et nous on se réjouit d’entendre et de sentir cette complicité, comme un défi à la pesanteur du monde.
Un duo à découvrir !
- Écrit par Yves Massy
Trio HMB, comme trio Harpe-Marimba-Basse (+ Anches). Il est étrange & rare autant que prometteur cet attelage audacieux. Et comme «Forest Sounds» s’est donné pour tâche d’aller cueillir les sons de la forêt, mieux vaut d’entrée s’équiper en conséquence. Car il ne s’agit pas comme Alfred de Vigny de juste aimer le son du cor, le soir, au fond des bois. De la magique forêt de Brocéliande aux forêts inondées de Pologne, des conifères nains de la taïga aux grands cyprès des bayous, de l’Amazone spongieuse à la larme rouge des mélèzes, il s’agit de saluer en musique par le vaste monde le peuple mirifique des arbres. Mort aux tronçonneuses. Place au plus sensible, au plus sensuel des sons. Place à la tremblée sous le vent nu des feuilles. Place à la jutée rousse et rauque des sèves. Ces quatre musiciens depuis longtemps pratiquent du dedans l’invention sonnée de la merveille tant que l’explosée lente des bourgeons. La sonorité est plutôt feutrée mais le vent peut s'élever brusquement et l’orage n'est pas à exclure en fin de journée.
Park Stickney: harpe. Frédéric Folmer: guitare basse. Raul Esmerode: marimba, batterie. Nicola Orioli: saxophone, clarinette